Votre avenir

Tiens, un topic pour le moins intéressant et où on va en apprendre des belles ^^. Déjà j'apprends que l'informatique chez Sisi, c'est pas seulement un hobby, c'est un futur métier. Et bien mon gars, ça me rassure pour l'avenir de Reclaimers Studios et j'espère que tu réussiras bien là-dedans. Pour ce qui est de Kerr, je savais qu'il faisait pharma mais je connaissais pas encore le parcours.

Pour ce qui me concerne, je commence par le commencement : lorsque j'étais jeune (merde, v'la que je parle comme un vieux tout d'un coup), je voulais être paléontosaure... euh merde, paléontologue. Si, vous savez, les geek des dinosaures qui passent leur vie à se trimbaler dans le désert et à jouer au puzzle avec des ossements plus vieux que la blague du fou qui repeint son plafond. Mais par la suite j'ai compris que cette voie demandait beaucoup trop de boulot et des études très longues que j'aurais jamais eu la patience de terminer.

Résultat j'ai continué en section scientifique pour tenter de devenir... prof. Ben oui, avec mes deux parents enseignants (ma mère en français et mon père en maths), ça donne des idées bizarre dans ce genre là. Malheureusement j'ai mis un peu de temps à me rendre compte que finalement, être prof, c'est loin d'être aussi tranquille et pénard que ce qu'en pensent les gens (du moins les gens qui ne discutent avec des profs que lors des réunions parents d'élève...). En plus avec les réformes gouvernementales, la profession devient de pire en pire non seulement au niveau des méthodes de travail qui sont imposées, mais aussi au niveau des énergumènes qu'on peut rencontrer dans cette profession (remarque, j'imagine que c'est partout pareil).

Du coup, j'ai abandonné la SVT pour aller faire de... l'instrumentation ! En gros, ça concerne tout ce qui est capteur, pompes, valves, régulateurs, et tout autre instrument utilisés pour mesurer des paramètres et réagir automatiquement en fonction des variations de ces paramètres. Ca demande de savoir mettre au point des systèmes de régulation et de programmer des automates pour opérer ces mêmes systèmes. Ca c'était mon BTS, qui s'intitule CIRA pour Contrôle Industriel et Régulation Automatique.

Actuellement, je finit ma licence en AQI (Acquisition de données et Qualification des appareils en milieu Industriel). Pour faire simple, cela concerne tout ce qui est analyse des signaux de capteurs ou d'autres instruments de mesure industriel, et cela sur deux aspects : savoir interpréter ces signaux, et pouvoir en déduire le niveau d'efficacité du matériel d'où proviennent ces signaux en examinant leur évolution dans le temps (sur plusieurs mois) au travers d'un dossier de suivie qualité. Je suis en alternance chez ArcelorMittal, au centre de recherche de Maizières-les-Metz en Lorraine.

Pour ce que je vais faire plus tard comme boulot, ben justement je suis en train de voir car il faut que je trouve un emploi pour après la fin de mon apprentissage, vu qu'ils peuvent pas me garder chez Arcelor pour cause qu'il y a aucun poste à pourvoir, et mon contrat se termine le 24 septembre. Là j'ai plusieurs possibilités très différentes qui m'ont été proposées par des entreprises avec lesquelles je passe actuellement des entretiens, la plupart par téléphone : programmeur automaticien à Paris, technicien de maintenance instrumentiste dans les Bouches du Rhône ou en Champagne, et là j'ai été contacté ce matin par ASSYSTEM, une grosse entreprise de bureau d'étude qui conçoit des systèmes instrumentalisés pour les domaines de l'énergie, en grande partie dans le nucléaire et je pense que ça pourrait être particulièrement intéressant pour mettre sur mon CV. J'aurais sans doute plus d'infos à vous donner sur ce point précis dans les semaines à venir.

Sisi, pour te donner une idée de ce que c'est que l'instrumentation, je vais prendre un exemple issu de la métallurgie et sur lequel je travaille pour mon projet d'apprentissage : la galvanisation.

La galvanisation, c'est le procédé qui consiste à recouvrir l'acier d'une fine couche de zinc afin de le protéger de l'oxydation (la rouille, pour les néophytes). Je prends un problème parmi la dizaine que pose ce procédé afin de ne pas m'étendre sur trois pages : la bande d'acier doit plonger dans un bain de zinc liquide, et le zinc fond vers 460°, donc il faut le chauffer en permanence pour le maintenir à l'état liquide.

Le truc, c'est que pour vérifier une température de l'ordre de 460°, on va pas mettre un simple thermomètre à mercure. Non, à la place, on utilise un capteur adapté comme par exemple un thermocouple : en gros, c'est basé sur le principe que deux matériaux soumis à une différence de température créent une différence de potentiel électrique mesurable (une tension, pour ceux qui n'ont jamais mis les doigts dans une prise ^^). L'avantage de ce type de capteur, c'est qu'il est capable de mesurer des températures sur un intervalle très important (le thermocouple de type K va de -250 à 1400 °C, par exemple). Le défaut, c'est qu'il est pas très précis (deux à trois degrés de précision, classiquement), mais ça on s'en fout puisqu'on cherche pas à être précis dans le cas de la galvanisation.

Donc on mets en place un thermocouple pour mesurer la température en respectant les méthodes d'installation parce qu'il faut prendre en compte certains paramètres importants pouvant influencer sur la mesure. Dans les cas les plus graves, une mauvaise installation du capteur peut par exemple amener à se retrouver avec une erreur de mesure de +50°C sans qu'on le sache, et donc alors que le capteur affiche 670°C alors qu'en fait on est à 620°C, en-dessous du point de fusion du zinc. Du coup le zinc se met à se refroidir et à créer de minuscules morceaux solides, des impuretés, qui vont foutre en l'air la qualité de l'acier qu'on trempe dedans.

L'instrumentiste, il est là pour s'assurer que les capteurs fonctionnent correctement, qu'ils sont adaptés à l'environnement dans lequel ils sont, qu'ils ont été installés dans les règles et qu'il n'y a pas de perturbations pouvant affecter leur mesure (par exemple un moteur électrique de 500 watt qui crée un champ magnétique juste à côté). Car l'opérateur, lui, il fait confiance au capteur et il discute pas, donc c'est notre boulot de faire en sorte que le capteur lui dise pas de conneries et que cette confiance soit justifiée. Lorsqu'une nouvelle installation est créée, l'instrumentiste se charge de choisir les capteurs les plus adaptés au rôle qu'ils devront remplir afin qu'on ait pas une explosion trois jours après parce qu'on avait oublié que l'atmosphère de la pièce était inflammable en raison de vapeurs chimiques et que le boitier électrique du capteur était pas étanche.

L'autre tâche de l'instrumentiste, c'est de suivre la vie d'un capteur afin de voir comment il vieillit. Car oui, un capteur vieillit toujours, en présentant ce que l'on appelle généralement une "dérive" : par rapport à la valeur réelle qu'il est censée affiché (sur une température, par exemple), il donne un résultat de plus en plus éloigné au fil que les années passent (d'abord un degrès de différence, puis deux, puis quatre, etc.). Le problème c'est que deux capteurs de même modèle fabriqué par la même usine peuvent dériver de deux manières complètement différentes, donc on est obligé de suivre l'évolution de tous les capteurs pour savoir quelle correction il faut appliquer à chacun lorsqu'on analyse leur signal.

Dans ma branche, on a deux spécialisations possibles : les automaticiens, et les instrumentistes. Pour moi les automaticiens, c'est ceux qui remplace les ouvriers par des machines, et les instrumentistes c'est ceux qui donnent les moyens aux ouvriers de mieux faire leur boulot. Voilà en gros ce que c'est que mon boulot.

Maintenant, je sais pas si je t'ai mieux expliqué mon job ou si je n'ai fait que t'embrouiller le crâne. Désolé pour les éventuels mal de tête, mais j'aime tellement ce domaine que des fois je m'emporte un peu sur les détails techniques (j'imagine que ça peut être pareil avec toi et l'informatique ^^).